Conte Les trois frères courageux

08/02/2022

IL ETAIT UNE FOIS, dans un pays très lointain, un homme dont la seule richesse était d’avoir trois fils, d’esprit vifs et beaux comme des astres. Quand ces garçons eurent l’âge d’homme, leur père les appela près de lui, les embrassa l’un après l’autre et leur dit : « Je ne suis pas riche, mes enfants, et, après ma mort, ma fortune ne vous permettra pas de vivre longtemps. Mais, je suis fier de la façon dont je vous ai élevés : vous savez vous servir de vos armes et vous n’avez peur de rien ni de personne au monde. Il ne me reste plus beaucoup de temps à
vivre et je souhaite vous donner trois avis. Ecoutez bien, et souvenez-vous :
Celui qui vit dans l’honneur vivra en paix.
Celui qui n’est pas orgueilleux ne rougira jamais.
Celui qui sait travailler vivra dans l’abondance.
J’ai fait seller trois chevaux : le Noir, le Brun, le Blanc. Dans les fontes de vos selles, il y a huit jours de vivres. Le reste vous appartient : partez dans le monde et faites vos fortunes. Vous devez connaître les chemins du Monde avant de pouvoir apprendre comment se comporter avec les autres. Allez de l’avant, mes enfants, et essayez d’attraper l’oiseau du bonheur. Au revoir, et que Dieu vous benisse’ »

        Ayant ainsi parlé, le viel homme se leva et quitta la tente. Les frères se préparèrent au voyage. A l’aube, ils sautèrent en selle et s’en furent. Tout le jour, ils chévauchèrent sans pour autant montrer de fatigue. Quand vint le soir, ils songèrent à prendre quelques repos. Ils entravèrent leurs chevaux et prirentleur repas. L’aîné des frères prit alors la parole en ces termes : « Il n’est pas bonque nous dormions tous à la fois dans cet endroit désert. Divisons la nuit en trois parties et prenons chacun un tour de veille. »
Les deux autres l’approuvèrent, et Tonguch prit la garde pendant que ses plus jeunes frères s’endormaient. Il resta longtemps assis, jouant avec la poignée de son épée et regardant autour de lui, à la lumière de la lune.

        Tout à coup, le calme de la nuit fut troublé par un bruissement. Des brindilles craquèrent. Tonguch tira son épée. Un lion dont la tanière était proche avait flairé l’odeur de l’homme et arrivait dans la steppe. Tonguch n’éveilla pas ses frères, se jugeant capable d’avoir raison de n’importe quel lion.

        Le fauve allait bondir quand Tonguch sauta en avant et lacéra sa passte gauche d’un coup d’épée, la droite d’un second coup. Blessé, l’animal rassembla toutes ses forces et s’élança sur le jeune homme. Lui, sauta de côté à temps, se dressa de toute sa hauteur et trancha net la tête du lion. Il dépouilla ensuite la carcasse et découpa une étroite lanière de peau qu’il attacha autour de sa taille sous sa chemise. Il retourna enfin auprès de ses frères, sans faire de bruit, comme si rien ne s’était passé.

        Ce fut bientôt le tour d’Ortanch de prendre la garde.et quoi qu’il surveillât très attentivement, il ne remarqua rien. Finalement Kenga, le plus jeune, releva son frère et veilla jusquà laube.

        Telle fut leur première nuit. Le lendemain matin les trois frères remontèrent à cheval, et voyagèrent tout le jour jusqu’à atteindre le soir une haute montagne. , au pied de laquelle se dressait un peuplier solitaire. Une source jaillissait d’entre ses racines. Non loin de la source se trouvait la grotte où demeurait Azhdar, le Roi des serpents.

        Les frères n’avaient entendu parlé du roi des serpents. Ils entravèrent leurs chevaux et les laissèrent paître pendant qu’eux-mêmes s’asseyaient pour dîner. Comme la nuit précédente, ils décidèrent d’organiser des tours de garde. A nouveau, le premier tour échut à Tonguch, qui cette fois ne remarqua rien d’anormal. Ortanch prit ensuit la faction.

        L’endroit, baigné par la lumière de la lune, était parfaitement calme. Soudain pourtant, Azhdar le Roi des serpents jaillit de sa grotte dans un grand bruissement. Sa tête était aussi grande qu’un broc d’eau, son corps long comme une corde de bateau et de la grosseur d’un trons d’arbre. Il se glissa vers la source. Orthanch vit le serpent approcher, mais ne voulut pas interrompre le sommeil de ses frères. Il s’enfut , seul, à la rencontre de Azhdar.

        Quand le Roi des serpent flaîra l’odeur de l’homme, il se lança à l’attaque, mais Orthanch fit une feinte rapide et d’un coup d’épée trancha la queue d’Azhdar. Le reptile géant se dressa dans les airs comme une colonne et son corps commença à tourner sur lui-même de façon menaçante. Mais, Orthanch ne connaissait pas la peur : il attendit le moment favorable et sabra le monstre. Le coup porta : gravement bléssé, Azhdar se précipita sur Orthanch, mais le jeune homme termina le combra d’un dernier coup d’épée. Il découpa une fine lanière de la peau d’Azhdar et s’en ceintura la taille, sous sa chemise. Puis, il retouna auprès de ses frères comme si rien ne s’était passé. Au bout d’un moment, Kengah prit à son tour la garde. Sa faction ne fut marquée par aucun incident, et le lendemain matin, les frères prirent à nouveau la route.

        Ils chévauchèrent ainsi, par les steppes et les collines, jusquà atteindre, au coucher du soleil une colline isolée. Ils mirent pied à terre et se préparèrent à passer la nuit là. Ils firent un feu, soupèrent et prirent à nouveau la garde à tour de rôle, comme les nuits précédentes : d’abord l’aîné, puis le second, le plus jeune.

        Tout fut calme jusqu’au moment où Kengah vint à son tour de veiller sur le sommeil de ses frères aînés. Et il le fit avec tant de concentration qu’il ne vit pas le feu s’éteindre. Ce n’est qu’en frissonnant de froid qu’il constata ce qui s’était passé. Il escalada alors la colline et parcourut du regard la campagne environnante, cherchant quelque feu de berge d’où il pourrait prélever une
branche enflammée. Il remarqu’a, au loin, une lumière intermittente. Il sauta en selle et partit vers cette flamme.

        A assez grande distance, il trouva une maison isolée. Glissant à terre, il s’approcha silencieusement d’une fenêtre et jeta un regard à l’intérieur. La pièce était éclairée par des torches et par un feu de cheminée devant lequel une marmite de soupe chauffait. Douze hommes de mine patibulaire étaient assis devant le feu, le visage sombre, les yeux fixes. De toute évidence ils ne badinaient pas.

        Kenga se dit : « voici sans doute une bande de malfaiteurs. Si je me retirais maintenant, les laissant à leurs mauvais projets, je n’agirais pas bien ; non : il faut plutôt que j’invente un moyen pour rentrer dans leur secret. De cette façon, je serai peutêtre capable de déjouer ce qu’ils méditent de faire. Quand viendra pour moi le moment de m’éclipser, je trouverai sûrement un moyen ou un autre, digne du nom de mon père. » Il ouvrit la porte et entra. Aussitôt les bandits se saisirent de leurs armes.

        « O noble Seigneur, » s’écria Kenga, se tournant vers le chef de la bande, je viens vous prier de me laisser vous servir de toutes les façons que vous voudrez bien me commander. Je viens d’une ville éloignée et n’ai pas été jusqu’à présent engagé que dans des affaires de second plan. Mais, depuis longtemps, je souhaitais me joindre à une aussi illustre bande que le vôtre. Aussi quand j’ai appris, Ô brave entre les braves que vous étiez ici, je me suis hâté d’y venir. N’objectez pas que je suis trop jeune : je suis sûr que je pourrai vous être utile. Je possède divers talents, comme ferrer les chevaux, de voler les gens sans qu’ils ne s’en aperçoivent et l’art d’espionner sans me faire
remarquer. Vous ne regretterez pas de m’avoir admis parmi vos hommes. » Ainsi parla l’adroit Kengah, clignant l’oeil comme un vrai brigand.

        « Tu as bien fait de venir », répondit le chef. Kengah se courba jusquà terre, croisant le bras
devant sa poitrine, et s’assit près du feu avec les autres.

        Il se trouvait en fait que les bandits projetait de s’introduire cette nuit-là dans le bâtiment où était gardé le trésor du Shah… Dès la fin de leur repas, ils autèrent en selle et galopèrent vers la capitale. Kengah les suivit. Ils arrivèrent rapidemment devant le mur du parce du palais. Ils mirent pied à terre et tinrent un conseil à voix basse sur le meilleur moyen dentrer. La décision fut longue à prendre et consista en ceci : Kenga devait escalader le mur et s’assurer du sommeil de la sentinelle. A son signal, les autres suivraient un par un pour se regrouper devant la porte du palais, qu’ils enfonçerait. Ils aidère Kengah à se hisser au sommet du mur. Il sauta légèrement de l’autre côté et remonta le chemin de ronde jusqu’à ce qu’il rencontrât la sentinelle, qui dormait comme une souche. Regardant autour de lui, Kengah remarqua une charrette placée contre un arbre. Il la tira jusqu’à la muraille et, après l’avoir retounéé, se hissa dessus, passa sa tête par dessus le mur et chuchota : »Tout va bien, mes amis. Grimpez ! »

         Le chef ordonna à ses hommes de s’attaquer au mur l’un après l’autre. Cependant, dès que le premier bandit apparut au sommet du mur et se prépara à sauter en bas, Kengah lui cingla la nuque d’un coup d’épée, et la tête du bandit roula dans l’herbe haute.

        « Par ici mon ami, » appela Kengah, tirant le corps vers le bas et le jetant près de la tête. Dès que la tête du suivant apparut au-dessus du mur, il lui réserva le même sort. De cette façon, il décapita toute la bande, chef compris. Alors, il se faufila à côté du garde endormi et pénétra dans le palais du Shah. Il parvint à une salle où s’ouvrait trois portes. Derrière la première, il trouva une chambre meublée de façon splendide. Sur les murs, une tapisserie brodée de fleurs écarlates. Au milieu, un lit d’argent dans lequel dormait une merveilleuse jeune fille. Plus belle que la plus belle qui ait jamais poussé sur terre ou qui ait été brodée sur une tapisserie. Kengah se glissa à côté d’elle
aussi furtivement qu’un lynx, lui ota un anneau d’or qu’elle portait à un doigt et le mit dans sa poche. Puis, il retourna dans la grande salle d’où il venait.

        « Je me demande quel secret peut bien cacher la seconde chambre ? » dit-il en se glissant par la porte suivante. La chambre dans laquelle il se trouva était aussi somptueusement décorée que la première. Les tentures étaient ornées d’oiseaux richement décorés. Au milieu se dressait un lit d’argent autour duquel dix jeunes servantes dormaient. Dans le lit reposait une jeune fille tellement belle que le soleil avait dû se quereller avc la lune à son sujet, chacun prétendant que la belle jeune fille lui ressemblait ! Kengah enleva un bracelet du bras de la jeune fille et le mit dans poche. Puis, il retourna dans la salle et pénétra dans la troisième chambre. Celles-ci était encore plus
luxueusement décorée que les deux autres et ses murs étaient recouverts de soie framboise. Dans un lit d’argent dormait une jeune fille entourée de seize servantes. Cette jeune fille était si belle que la Reine des Etoiles, Aurore, aurait été heureuse de s’incliner debant son exquise beauté.

        Kengah lui retira délicatement un anneau d’or qu’elle portait à l’oreille et le mit dans sa poche. Il quitta ensuite le palais et remonta à cheval, prenant au passage une des troches qui brûlaient devant l’entrée, et rejoignit ses frères près de leur feu de camp éteint. Ses frères étaient encore endormis, Kangah ralluma le feu et sassit pour coninuer sa faction jusqu’à laube, jouant pensivement avec la poignée de son épée.

        Quand vint le jour, les frères déjeunèrent, sautèrent en selle et reprirent leur chemin. Ils arrivèrent bientôt dans une ville et gagnèrent le quartier du marché. Ils attachèrent leurs montures à l’ombre d’une toile de tente et entrèrent dans un café où ils se firent apporter des tasses d’une infusion parfumée. Ils étaient là, se reposant et buvant, lorsqu’un crieur public apparut dehors, disant : « Vous tous qui avez des oreilles, , écoutes ! La nuit dernière quelqu’un a coupé la tête à douze bandits dans le parc du palais. Sa Majestéle Shah veut que la population toute entière, hommes et femmes, jeunes eet vieux, l’aide à découvrir l’auteur d’une action aussi courageuse. Si
un étranger se trouve dans votre maison, quelqu’un venu d’au-delà les fronfières ou d’une ville lointaine, , qu’il soit conduit sans retard au palais ! »

        Le cafetier demanda aux trois frères de se présenter au Shah, ils se levèrent donc et se rendirent au palais. Le Shah les fit introduire dans une pièce magnifiquement décorée et ordonna à son Grand Vizir de chercher à savoir s’ils connaissaient quelque chose à propos des évènements de la nuit. Le Vizir repliqua : « Ne vont-ils pas se dérober à mes questions ? Je suggère que nous les laissions livrès à eux-mêmes et que nous écoutions leur conversation. » Le Shah accepta, et peu de temps après, des serviteurs dressèrent une table devant les trois frères, leur apportèrent un excellent repas et les laissèrent seuls dans la pièce. Les convivent firent honneur à ce repas, tandis que dans la pièce contiguë le Shah et son Vizir écoutaient en silence.
        « Ceci est de la viande d’agneau, » remarqua Tonguch, « mais cet agneau semble avoir été allaité par une chienne. »
        « Tu pourrais avoir raison, » ajouta Ortanch. « En fait, il me semble que cette confiture de raisin a le goût de la chair humaine. »
        « Oh, » commenta Kengah, « je ne serais pas surpris que du sang humain soit mélangé à cette confiture. Cependant, remarquez avec quel goût ces tartes sont disposées sur ce plat. Il faut vraiment un maître pâtissier pour les arranger ainsi. »
        « Que tout cela soit comme vous l’entendez, » dit Tonguch, « n’en discutons pas d’avantage. On nous sert ce repas parce que le Shah est curieux d’en savoir plus à propos des évènements de la nuit dernière. Avant peu, il nous interrogera. Que lui dirons-nous, mes frères ? »
        « Ne disons pas de mensonges, » répondit Tonguch, « mais seulement la vérité. »
        « Oui, le temps est venu pour nous de nous raconter ce que nous avons fait récemment, » observa Kengah.

        Alors, Tonguch raconta comment il combatit le lion. Il ôta de sa taille la lanière de peaux qu’il s’y était noué, et la jeta sur le sol devant ses frères.

        Alors, Ortanch raconta ses aventures et montra à ses frères la lanière de peau de serpent qu’il avait prélevé sur Azhdar. Enfin Kengah prit la parole. Il raconta ce qui s’était passé la nuit précédente et montra à ses frères les joyeux qu’il avait otés aux filles du Shah.

        Dans la pièce contiguë, le Shah et le Vizir écoutaient avec attention et apprenaient que le mystère avait une explication. Cependant, ils étaient incapables de comprendre ce que voulaient les trois frères p propos de la viande, de la confiture et des tartes. Mus par la curiosité, ils se firent immédiatement amener le berger responsable des troupeaux royaux.
        « Dis-moi la vérité ! » lui ordonna le Shah. « L’agneau que tu as remis hier aux cuisines du palais avait-il été allaité par une chienne ? »
        « seigneur, » implora le berger, « si vous épargnez ma vie, je vous dirai tout. »
        « je te pardonnerai, si tu dis la vérité, » promit le Shah. Et voici ce que dit le berger :
        « L’hiver dernier, j’ai perdu une brebis et, prenant pitiè de son agneau, je confiai ce dernier à une chienne pour qu’elle l’allaitât. Je vous ai envoyé cet agneau hier parce que je n’en avait pas d’autre. »

        Le Shah fit ensuite appeler son jardinier.
        « Dis-moi la vérité ; » ordonna-t-il à l’homme, tout tremblant. « Du sang humain avait-il été mélangé à la confiture de raisin que tu m’as envoyée ? »
        « Seigneur, » répondit le jardinier, « épargné ma vie et je vous dirai tout. »
        « Je te pardonne, parle, » ordonna le Shah. Et voici ce que dit le jardinier :
        « L’été dernier, un voleur venait chaque nuit dans la vigne pour voler les meilleurs raisins des ceps favoris de Votre majesté. Aussi, me cachais-je dans la vigne et fis le guet. Juste avant minuit, le voleur arriva en rampant. Je me jetai sur lui mais il se défendit avec son couteau. Je dégainai le poignard que je portais à ma ceinture et lui en portai un coup à l’épaule. Il réussit à s’échapper et n’est pas revenu depuis, mais quelques gouttes de son sang étaient tombés sur le pied de la vigne. Depuis, celle-ci a produit une récolte plus importante que jamais, au point qu’il y a pratiquement plus de grappes de raisin que de feuilles. Mais, la saveur de ce raisin est différente et je n’ai pas osé l’envoyer tel quel à Votre majesté. Aussi en ai-je fais de la confiture. »

        Le Shah n’avait pas besoin d’envoyer chercher son chef pâtissier pour résoudre l’énigme des tartes, car il les avait lui-même disposés sur le plat. Il vint alors dans la pièce où se tenaient les trois jeunes gens, et se présenta, disant :
        « Vous avez souvé le palais d’une attaque des brigands ; toutes vos autres observations se sont révélées exactes. En vérité, je me suis pris pour vous une grande amitié. Aussi, écoutez : j’ai trois filles et je suis décidé à vous les donner en mariage. Les fêtes des noces dureront quarante-quatre jours et toute la ville y sera conviée. »
        « Seigneur, » répondit Tonguch, « comment pouvons-nous épouser vos filles alors que nous ne sommes pas nous-mêmes de famille royale ? Notre père n’est qu’un homme du commun, nous n’avons pas été préparés à gouverner par notre éducation. »
        « Il est vrai que je gouverne ce pays, » répondit le Shah d’un ton affable. « Mais, votre père vous a fort noblement élevés, aussi ne m’est-il pas inférieur. Moi, père de trois filles, devant lesquelles les plus puissants de la terre se sont agénouillés, je me tiens devant vous des larmes dans les yeux, et vous offre mes trois filles en mariage. »

        Les trois frères acceptèrent son offre avec joie, et les fêtes de la noce durèrent quarantequatre jours. Les jeunes gens s’installèrent au palais et le Shahleur témoignait beaucoup d’affection, notamment à Kengah, le plus jeune.

        Par un après-midi de grande chaleur, le Shah s’étendit à l’ombre d’un arbre pour se reposer. Il s’était à peine endormi qu’un serpent surgit en rampant de sous une pierre. Il allait mordre le dormeur lorsque Kengah, qui n’était pas loin, tira son épée, coupa le serpent en deux et jeta les deux moitiès dans l’herbe. Il remit son épée au fourreau quand le Shah s’éveilla.

        La suspicion se fit jour dans son esprit : »Ne lui suffit-il pas d’avoir épousé ma fille ? L’infâme voudrait-il me tuer pour devenir Shah lui-même ? »

        Il alla voir son Vizir et lui fit part de ses soupçons. Le Vizir, qui depuis longtemps était jaloux des trois frères, n’attendait que cette occasion.
        « Vous ne m’avez pas demandé conseil, Majesté, » dit-il d’un ton rusé, « avant de donner vos filles à ces trois vagabonds. Ne soyez pas surpris de voir votre gendre attenter à votre vie. Il ne sera pas satisfait avant d’être parvenu à ses fins. »

        Le Shah criu son Vizir et fit jeter Kengah dans un cachot. La plus jeune des princesses qui était sa femme, en eut le coeur brisé. Elle pleurait sans cesse et était devenue pâle de chagrin. Un jour, elle finit pas se jeter aux pieds de son père et de rendre la liberté à Kengah. Le Shah ordonna qu’on lui amenât le prisonnier.
        « Pourquoi as-tu voulu me tuer ? » lui demanda-t-il sévèrement. « Comment justifies-tu ta trahison ? »
Au lieu de répondre, Kengah lui raconta cette histoire :

                                                                         L’HISTOIRE DU PERROQUET… à suivre

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